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Message de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, au groupe Célibataires en Église,

à l’occasion du colloque organisé au Collège des Bernardins (Paris), le 2 février 2019.

"Chers amis,

Dans l’un des récits de la Genèse, il est dit qu’Adam fut créé seul face à Dieu son Père. Cette solitude que Dieu seul rejoint pleinement est celle de la maturité, du désir, le temps d’appréhender le monde et de tisser des liens qui ne soient pas encore les liens conjugaux. Nous sommes des fils et des frères avant de devenir des époux et des pères. Nous sommes des filles et des sœurs avant de devenir des épouses et des mères. La condition première de notre vie n’est pas la vie conjugale. L’enfant, l’adolescent n’est pas « en couple ». Il grandit « en sagesse, en taille et en grâce » devant Dieu et les hommes (Lc 2, 40). Il se construit en « habitant fidèlement la terre » pour se préparer au don de sa vie (Ps 36).

D’une certaine manière, le célibat est la condition première de la vie d’une personne. Elle est aussi la condition dernière : « Au Ciel on ne prend plus ni femme ni mari, dit le Seigneur, mais on est semblable aux anges » (Mt 22, 30). Au fond, même si nous sommes très entourés, nous restons seuls face à Dieu, dans le secret de notre vie intérieure, dans le mystère des joies profondes comme de la souffrance, dans le passage de notre mort. On a beau être très entouré, on meurt toujours seul. À cet instant, on est seul à mourir. Considérer cette solitude permet de comprendre notre responsabilité intime et personnelle dans la vie qui nous est donnée.

Le désir de nous unir à l’autre dans une correspondance charnelle et spirituelle est placé au cœur de l’homme et de la femme comme une tension féconde, un appel, une Parole de vie. L’exercice de la sexualité n’est pourtant pas un besoin vital, comme manger ou boire. Elle est le signe inscrit dans notre chair la plus intime que nous sommes faits pour le don de soi. Il ne faut jamais nier ou mépriser cette parole. L’art de l’éducation est celui d’orienter cette force au service de ce qui est bon, vrai et beau. L’homme et la femme sont faits pour donner leur vie et pour donner la vie, quelle que soit la réalité effective de cette fécondité. « Soyez féconds » dit le Seigneur dans la Genèse (1, 28). Tout homme reçoit cet appel. Il nous faut communiquer le don de la vie que Dieu nous fait à travers nos pensées, nos paroles et nos actes. Pour nous, chrétiens, il s’agit d’un chemin de croissance qui nous permet de réaliser notre vocation baptismale à la sainteté.

Pour vous, le sentiment d’être seul, de n’avoir pas pu encore vous marier sans avoir choisi cet état peut constituer une grande souffrance. Vous essayez par la grâce de Dieu de vivre votre célibat dans le combat de la chasteté, sans rechercher des compensations affectives ou des consolations mensongères qui, vous le savez, ne peuvent rendre l’homme vraiment heureux. Je crois qu’il n’y a jamais de réponse toute faite au sentiment de votre souffrance. Qu’il faut savoir l’écouter, se tenir là en silence, comme Marie au pied de la Croix dans une présence de compassion.

J’aimerais pourtant dire une parole dans ce silence. Elle est liée à l’expérience de ma vie. J’ai été célibataire longtemps. Je le suis toujours comme prêtre. J’ai choisi en réponse à l’appel du Seigneur de demeurer dans le célibat et d’y donner le sens d’une consécration missionnaire, don de ma vie à Dieu seul et disponibilité à servir mes frères dans l’Église. Mon célibat a pris une dimension nouvelle par mon ordination sacerdotale, il est devenu le signe que nous sommes faits pour le Royaume de Dieu et que la vie ne se mesure pas à la fécondité charnelle. Pourtant, comme médecin, mon célibat n’était pas dépourvu de sens. Il m’a permis une large disponibilité envers mes patients, une grande liberté d’action et de mouvement, la grâce de tisser des amitiés fortes et qui demeurent.

Je l’écrivais dans mon message à l’occasion de la révolte des « gilets jaunes ». Il y a une « urgence de la fraternité ». Comme célibataires, vous pouvez vivre peut-être davantage que ceux qui fondent une famille, l’expérience de la fraternité. Je dirais qu’elle est d’abord celle de la gratuité, du temps donné, d’une vie livrée à celui qui est en face de vous comme un être unique que vous apprenez à reconnaître dans sa dignité propre. Celui qui a un époux, une épouse, des enfants, se doit d’abord à sa famille. Il y a une priorité légitime dans son rapport au monde. Pour vous, si vous vous laissez conduire patiemment par Dieu, le célibat peut devenir, à travers une forme de passion et de mort, l’expression de la tendresse de Dieu pour tout homme en ce monde.

On entend parfois l’expression : « célibat non choisi ». Elle exprime souvent une détresse que je respecte profondément. Pourtant j’aimerais vous dire qu’il faut choisir la vie réelle comme elle se donne et qu’à un tournant majeur de notre liberté intérieure le Seigneur nous donne de consentir à ce qui est, de choisir ce que nous n’avions pas prévu ou rêvé de vivre. « Je place devant toi la vie et la mort. Choisis la vie » dit le Seigneur (Dt 30, 15). « Choisir la vie », c’est aussi, quand cette force nous est donnée, choisir ce que nous n’avons pas choisi, et lui donner tout son sens. C’est ce que je demande pour chacun de vous au Seigneur, conscient de tout ce que vous pouvez donner à l’Église et au monde.

En vous assurant de ma prière, je me confie à votre intercession ainsi que tout notre diocèse. Que le Seigneur fasse resplendir sur vous sa Face et vous accorde la Paix."

+Michel Aupetit
Archevêque de Paris

Photo : Michel Pourny.

J'ai rencontré un jeune homme sur un site de rencontre catholique gratuit. Nous avons échangés sur les sujets importants et allons bientôt nous rencontrer. Avez-vous des conseils à me donner ?

C’est une bonne idée de rencontrer votre correspondant : déjà quand on se voit, c’est difficile de ne pas « projeter » sur l’autre toutes nos attentes, nos illusions, nos espoirs… C’est pour cela qu’on dit que l’amour est aveugle : parfois, on ne voit que ce qu’on veut voir ! 

C’est se donner librement et de tout son cœur à l’autre. (CEC 2346)

L’expérience montre (parfois douloureusement) qu’en ces domaines, il arrive qu’on ne voit pas toujours très clair. Il n’est en tout cas pas facile d’être sûr de soi ou de ses sentiments et de s’appuyer sur des preuves ou des signes très tangibles.

Vous êtes jeunes tous les deux, et il semble, d'après de que nous confie, que vous avez déjà avancé ensemble dans la réflexion, bien sur, pas celle vous menant au mariage, mais dans d'autres directions.

Dans la vie, on avance selon deux "méthodes", que l'on pourrait comparer à celles d'un bateau qui part en mer.

Cette question est fréquente !!!!

En effet, souvent, la fille voit “à long terme”, elle est peu intéressée par les amourettes changeantes. Alors que le garçon se dit qu’il a bien le temps avant de “se caser” sérieusement !

 

L'amour n'est-il pas en bonne partie une question de choix et, lorsque "les fondamentaux" sont présents, ne peut-on pas imaginer qu'il est temps de s'engager dans les fiançailles, voire dans le mariage, même si certains points chagrinent, car, de toutes les façons, le prince charmant n'existe pas ? Autrement dit, la quête du prince charmant/de la fille parfaite ne bloque-t-elle pas beaucoup de jeune au moment de s'engager ?
 

La perfection n’existe pas, l’amour parfait n’existe pas, l’amoureux(se) parfait(e) n’existe pas. Il est très important d’accepter l’idée que je ne trouverai jamais le prince charmant tel que je l’ai rêvé, idéalisé... Une chose est d’avoir des “projets” pour bâtir sa vie, une autre est d’y arriver effectivement en tenant compte du réel. Un peu comme pour la construction d’une maison; même avec d’excellents plans, il y a toujours des modifications en cours de construction, modifications +/- faciles à gérer... Si on attend, pour construire, d’être certain qu’il n’y aura aucun problème, on ne construit jamais...

  • Quand on est super amoureux, le risque est d’être “enivré” au point d’en perdre tout sens critique. Certains s’engagent, fous amoureux, sans  vérifier, avec leur “tête”, que c’est ok;
  • D’autres, au contraire, par peur de se laisser tromper par des émotions et des sentiments qui ne se contrôlent pas, s’accrochent à la raison et ne parviennent pas à se décider avant d’avoir l’assurance “rationnelle” que c’est ok. Ca risque d’être un mariage de raison, ça peut marcher, mais ce n’est pas toujours très réjouissant à long terme.
  • L’idéal est de concilier la passion et la raison, comme expliqué dans le schéma sur les zones de l’être. Si je suis amoureux et qu’en réfléchissant, je constate que nous avons suffisamment de point communs solides pour construire une histoire à 2, et qu’il n’y a pas d’obstacle majeur, pourquoi ne pas avancer ?
 
Nous vous proposons également la lecture de l'article Il n’y a pas de mariage parfait pour compléter votre réflexion.
Aaaaah ça ! Si on savait, ce serait tellement simple !
  • Il y a tout ce qui est dit, mais ce n’est jamais tout à fait sûr puisque beaucoup de phrases peuvent être interprétées...
  • En plus, les mots ne sont pas toujours le reflet du fond de la pensée réelle (par exemple, on peut avoir un discours plus “doux” de peur de blesser par exemple et ne pas dire carrément non même si on le pense. Alors, on dit des mots qui donnent l’impression d’une hésitation alors que intérieurement, c’est très clair...);
  • Il y a tout le langage non verbal, à décoder. Mais quand on espère que l’autre est amoureux, on guette les signes qui le confirment et on zappe ce qui montre que ce n’est peut-être pas le cas.
  • Dans tous les cas, quand la relation est bonne, qu’on se connaît bien, et qu’on se sent très amoureux, pourquoi ne pas en parler franchement ? Évidemment, ce n’est jamais gai de s’entendre dire non alors qu’on espérait un oui. Mais il n'y a rien de honteux à ça et ça facilite beaucoup les choses !

Cette question a le mérite de la franchise !

C'est vrai à la fin, au nom de quoi les jeunes filles cathos devraient-elles s'interdire des décolletés plongeants ? Dieu a bien créé l'homme pour plaire à la femme et vice-versa... Non ?

Ceci dit, plaire ne veut pas dire se permettre n'importe quoi.

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